Mais dès le lendemain, la douche froide est administrée par les techniciens. Le 19 juin 2025, lors de la présentation du rapport annuel de l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR), la sentence tombe. « Il n’existe pas de procédure pour remettre en service une installation définitivement arrêtée, de sorte que le projet serait considéré comme une nouvelle installation à part entière», a tranché un représentant de l’ASNR, cité dans France 3 Grand Est. Redémarrer Fessenheim n’est pas juridiquement possible sans redéposer un dossier complet, comme s’il s’agissait d’un nouveau réacteur.
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Fessenheim : un retour impossible pour des raisons techniques
L’espoir d’un redémarrage ne se heurte pas seulement à la loi, mais à la réalité de l’état du site. Depuis quatre ans, le démantèlement a progressé au point de rendre toute relance irréversible. Toujours selon l’ASNR, cité par France 3 Grand Est « plusieurs opérations irréversibles ont été réalisées, pour lesquelles il n’existe pas à ce jour de solution technique pour revenir en arrière. C’est notamment le cas de la décontamination des circuits ».
Les entrailles de la centrale ont déjà été ouvertes, vidées, désossées. Le démontage d’organes internes, les prélèvements de matériaux en cœur de cuve, et les opérations de caractérisation radioactive ne laissent aucune marche arrière. C’est un point de non-retour physico-technique.
Un refus économique catégorique
Et comme si cela ne suffisait pas, l’hypothèse d’un redémarrage n’a jamais été envisagée ni budgétée par EDF. L’entreprise publique, engagée dans la transition nucléaire via la construction de nouveaux réacteurs de type EPR2, n’a aucun intérêt à ressusciter un modèle ancien, coûteux à remettre aux normes.
«Il n’est pas du tout avéré que le projet serait opportun. D’ailleurs EDF ne l’a jamais envisagé», a déclaré un intervenant lors de la conférence, et dans des propos repris parFrance 3 Grand Est. Reconditionner une centrale arrêtée ne signifie pas seulement réinvestir dans ses structures : il faudrait tout reconstruire aux standards actuels, un processus bien plus onéreux que la construction d’un site neuf.
Fessenheim, futur technocentre nucléaire : l’autre projet
À défaut de relancer les réacteurs, Fessenheim se transforme. Sur les lieux même de l’ancienne centrale, un technocentre à 450 millions d’euros est en gestation, projet porté par EDF. Ce technocentre aura pour mission de recycler les métaux faiblement radioactifs issus de centrales démantelées, en les transformant en lingots de fonte ou d’acier.
Ce recyclage s’inscrit dans une logique d’économie circulaire nucléaire, inédite en France. Le maire de Fessenheim, Claude Brender, auparavant opposant à la fermeture, s’est rallié à ce projet : « L’essentiel est de garder une activité industrielle sur le site », confiait-il en 2024.
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Source: www.greenetvert.fr