Face au coût des 6 premiers EPR, des associations dénoncent « l’obstination » du gouvernement
Plusieurs associations environnementales dénoncent mardi "l'obstination" du gouvernement à vouloir relancer un programme nucléaire au lendemain de la révélation d'une hausse de 30% de la facture prévisionnelle des six premiers EPR2 commandés par l'Etat à EDF.
Selon une information du journal Les Echos dévoilée lundi, le coût prévisionnel du programme de construction des six premiers réacteurs prévus à Penly, Gravelines et au Bugey est désormais évalué à 67,4 milliards au lieu des 51,7 milliards initialement annoncés en février 2022.
L'information a fait bondir des associations environnementales qui dénoncent le choix coûteux de l'Etat de recourir à un programme ambitieux de nouveaux réacteurs dont le premier à Penly n'est pas attendu avant 2035-2037, au détriment selon elles des énergies renouvelables, déployables plus rapidement.
"En s'obstinant à relancer une industrie trop chère et trop lente face à l'urgence climatique, le gouvernement français sabote délibérément la transition énergétique", a notamment dénoncé Pauline Boyer, chargée de campagne Transition énergétique pour Greenpeace France, citée dans un communiqué.
"Le gouvernement s'obstine à relancer cette industrie, au détriment des énergies renouvelables et d'une réelle politique de sobriété énergétique", a renchéri le Réseau sortir du nucléaire.
"Les coûts du nucléaire s'envolent, et cela depuis longtemps", a aussi commenté l'association en rappelant les précédents déboires des EPR d'EDF en France et à l'étranger, ses dérapages de coûts et de calendrier.
Attendu cette année avec 12 ans de retard, l'EPR de Flamanville se chiffre désormais à 13,2 milliards d'euros, selon EDF, quatre fois le budget initial de 3,3 milliards d'euros.
En Angleterre, la facture du projet d'EPR de la centrale d'Hinkley Point a plus que doublé en janvier, atteignant désormais entre 41,6 et 46,5 milliards en livres courantes dans un scenario de base, au lieu des 18 milliards estimés au lancement du projet en 2016.
Redoutant "une augmentation très significative de la facture des clients d'EDF, Agir pour l'Environnement appelle "solennellement les pouvoirs publics à stopper cette folie des grandeurs".
Ni le groupe EDF ni le ministère de l'Economie n'ont souhaité faire de commentaire sur ce nouveau chiffrage, l'électricien, lesté d'une dette abyssale de 54,4 milliards d'euros, se contentant de répondre qu'il pourrait évoluer.
"Nous sommes actuellement dans une phase d'optimisation des coûts et du planning", a indiqué lundi le groupe EDF détenu à 100% par l'Etat.
Jusqu'ici, le gouvernement n'a pas arrêté les modalités de financement du nouveau programme nucléaire qui prévoit jusqu'à 14 réacteurs.
Source: www.linfodurable.fr