Dès 2025, la France testera des projets de stockage de CO2 sur son territoire
Ce n'est certes pas le Texas et son sous-sol gorgé d'hydrocarbures, mais la France dispose aussi de gisements pétroliers, anciens ou toujours actifs, en région parisienne et dans le bassin aquitain, dont certains seront mis à contribution pour accueillir du CO2 émis par les industries.
Le ministre délégué à l’Industrie et à l’Energie Roland Lescure va lancer vendredi « un appel à manifestations d’intérêt » ciblant notamment les acteurs des hydrocarbures afin qu’ils proposent des projets d’enfouissement du CO2 en priorité dans ces gisements.
Le gouvernement vise notamment les quelques entreprises qui produisent environ 1 % du pétrole consommé en France, comme Vermillion, précise à l’AFP le cabinet du ministère.
Concrétiser la stratégie de stockage de la France
L'annonce, qui sera faite officiellement vendredi lors d'une visite du ministre sur l'usine de Technip Energies à Sens (Yonne), marque "la concrétisation du lancement de la stratégie de stockage de la France".
Elle s'inscrit dans les travaux de planification écologique et de décarbonation de l’industrie, dont l’objectif fixé par l’Elysée est de diviser en 10 ans par deux ses émissions de CO2 qui réchauffent la planète.
Selon le ministère, "le potentiel sur les concessions existantes d'hydrocarbures au niveau national est estimé aux alentours de 800 millions de tonnes de CO2", ce qui permettrait de couvrir "50 ans des besoins de stockage de CO2 de l’industrie française ».
Le captage et le stockage de carbone font partie des solutions vues comme nécessaires par les experts pour contenir le réchauffement de la planète, à condition de n'être pas utilisés comme un permis de continuer à polluer. "Il faut vraiment que ce soit des processus sans alternatives de décarbonation qui soient concernés", met en garde Anne Bringault, directrice des programmes au Réseau Action Climat.
Réduire les coûts
Interrogé par le journal des Echos, Roland Lescure rappelle que le plan de décarbonation des 50 sites industriels les plus polluants, annoncé en novembre 2022, prévoit d’abord des mesures telles que « l’efficacité énergétique, de l’électrification, le remplacement du charbon par de l’hydrogène ». « Le captage n’arrive qu’en dernier recours », a-t-il assuré.
Fabricants d'engrais, cimentiers, chimistes, 37 industriels parmi les 50 les plus émetteurs ont fait part de leur besoin de capter et stocker le CO2 qu'ils ne peuvent supprimer par d'autres moyens en bout de leurs chaînes de fabrication, afin de respecter leur feuille de route de décarbonation. Ils ont évalué leurs besoins en captage à environ huit millions de tonnes en 2030, puis 16 millions à l'horizon 2040.
Une fois les sites potentiels de stockage signalés par les entreprises, d'ici au 26 juillet, une phase d'appel à projet sera ouverte jusqu'en décembre afin d'en évaluer les potentiels. L'objectif est que "début 2025, le stockage du carbone soit testé dans quatre ou cinq endroits en France", indique le ministère.
Roland Lescure y voit pour ces territoires encore liés à l'industrie du pétrole, "une opportunité de reconversion« . « J’espère un débat aussi raisonné que possible », a-t-il indiqué en référence à d’éventuels enjeux d’acceptabilité de ces projets par le public.
Au moment des tests, ces projets pourront bénéficier d'une enveloppe globale encore provisoire d'"environ 20 à 30 millions d'euros" dans le cadre du programme France 2030. Ces tests devront vérifier que les puits sont bien étanches pour y accueillir du CO2.
"Il faudra aussi regarder toutes les conditions de surveillance, car ce sont les technologies qui ne sont pas mûres et il y a des risques de fuites à long terme", souligne Anne Bringault.
Pourquoi stocker en France ? "Il y a d'autres opportunités pour le faire : la Norvège, le Danemark, envisagent de stocker du CO2 sur leur territoire" en eaux profondes, mais ces projets ont un "coût élevé", en raison du transport et de la technologie utilisée, en offshore, relève Bercy.
"Stocker ce CO2 en France va donc permettre de diviser par deux ou trois le coût cumulé du transport et du stockage" par rapport à ces projets nordiques, dans laquelle la France restera associée, indique le ministère.
Avec AFP.
Source: www.linfodurable.fr