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Champignons : un règne à part, fondement des écosystèmes
Champignons, le mot évoque pour beaucoup un chapeau sur une tige, émergeant de l’humus après la pluie. Pourtant, cette image folklorique ne représente qu’une infime minorité du monde fongique. Les champignons n’appartiennent ni au règne végétal ni au règne animal, mais forment une entité biologique distincte, riche de plus de 155 000 espèces connues, un chiffre probablement très en deçà de la réalité, puisque les estimations les plus sérieuses situent leur nombre total entre 2 et 4 millions.
Ce règne invisible ou méconnu agit comme une infrastructure souterraine cruciale pour les écosystèmes. Les champignons décomposent la matière organique, recyclent les nutriments essentiels et tissent des liens symbiotiques avec les racines des plantes. Ces relations mycorhiziennes, véritables réseaux d’échange souterrains, assurent la résilience des forêts. Ils sont aussi capables de détoxifier les sols, un phénomène connu sous le nom de mycorémédiation.
Extinction fongique : une menace invisible
Si l'on connaît mal les champignons, on ignore encore plus largement qu’ils sont en danger. Pourtant, les premières évaluations réalisées par l’UICN sont claires, un tiers des espèces évaluées sont menacées. En France, c’est en avril 2024 que le premier inventaire national a vu le jour. Résultat : 79 espèces fongiques menacées et 39 classées comme « quasi menacées ». Certaines n’ont pas été revues depuis plusieurs décennies.
D'autres, comme Laccariopsis mediterranea, subissent un effondrement de leur population de près de 30 % en trente ans. Ce déclin n’est ni mystérieux ni inéluctable. Il est causé par des activités humaines bien identifiées : urbanisation galopante, déforestation, agriculture intensive, épandage de pesticides, fragmentation des habitats. À cette liste, s’ajoute désormais le changement climatique, qui modifie les cycles de croissance et les conditions d’humidité sur lesquels dépendent de nombreuses espèces.
Le vide juridique autour de la conservation des champignons
Alors que la faune et la flore bénéficient de multiples protections légales, les champignons restent les grands absents des politiques de conservation. En France, plus de la moitié des 2 857 espèces végétales ou animales menacées ne sont toujours pas protégées, les champignons, eux, sont rarement même mentionnés. Cette absence s’explique par un déficit abyssal de données, mais aussi par une sous-estimation chronique de leur rôle écologique.
L'UICN appelle à renforcer urgemment la protection de ces espèces. Pour l'heure, seule la préservation des habitats, via des dispositifs comme Natura 2000, offre un rempart indirect. Des initiatives militantes, telles que Fauna Flora Funga ou SPUN (Society for the Protection of Underground Networks), se mobilisent pour inverser la tendance.
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Source: www.greenetvert.fr