Les associations Générations Futures et Data For Good ont mis en ligne, jeudi 16 octobre, un outil inédit : Dans mon eau. Cette plateforme, alimentée par les données officielles des Agences régionales de santé (ARS), répertorie les principaux polluants chimiques détectés dans l’eau potable distribuée sur tout le territoire français. Son objectif est de démocratiser l’accès à une information jusqu’ici morcelée et souvent difficile à interpréter pour les citoyens.
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Un accès public inédit aux données sur les polluants de l’eau
Grâce à cette carte, chaque foyer peut désormais consulter, adresse par adresse, la composition chimique de l’eau potable du robinet. L’outil affiche les taux de pesticides, de PFAS, de nitrates, de chlorure de vinyle monomère et de perchlorates, selon les mesures officielles des ARS. Ces résultats, jusqu’alors dispersés dans des rapports techniques, sont désormais agrégés et accessibles en quelques clics.«Elles sont difficilement compréhensibles pour le citoyen lambda, c’est pourquoi nous avons voulu les rendre accessibles à travers cet outil », explique Nadine Lauverjat, déléguée générale de Générations Futures, dans des propos rapportés par Reporterre.
Ce nouvel accès direct aux données publiques répond à une préoccupation grandissante autour de la qualité de l’eau du robinet, alors que plusieurs substances chimiques persistent malgré les traitements. Les chiffres communiqués par Générations Futures illustrent l’ampleur du phénomène :plus de 87 % des unités de distribution d’eau potable (UDI) respectent les normes en vigueur, mais 3 % d’entre elles, soit environ 709 UDI, distribuent une eau déconseillée à la consommation pour tout ou partie de la population. Ces zones concernent notamment les nourrissons et femmes enceintes, en raison d’une contamination aux perchlorates.
Des polluants multiples et inégalement répartis sur le territoire
L’analyse des données révèle une géographie contrastée des polluants présents dans l’eau potable. Les pesticides restent majoritaires : des traces sont observées dans 31,5 % des réseaux, et 5,7 %, soit 1 377 UDI, sont en non-conformité. Le métabolite chloridazone desphényl est à lui seul responsable de 86 % de ces dépassements, selon Générations Futures. Le chlorothalonil R471811, quant à lui détecté dans 22,3 % des UDI, n’est plus considéré comme polluant pertinent depuis 2024, mais demeure surveillé. Pour les nitrates, 167 UDI dépassent encore la limite de qualité.
Les PFAS, surnommés « polluants éternels », restent détectés dans 1,2 % des réseaux (soit 141 UDI) présentant un dépassement des seuils réglementaires. Le cas d’Arrantès-de-Corcieux (Vosges) illustre cette situation, avec une eau dépassant les limites sanitaires pour ces composés. Le nord de la France cumule souvent plusieurs contaminations : nitrates, pesticides et perchlorates ; le sud présente davantage de problèmes liés aux PFAS, tandis que l’ouest subit encore les effets du chlorure de vinyle monomère. Ces disparités traduisent la diversité des pressions agricoles et industrielles sur les ressources en eau.
Une transparence soutenue par les autorités sanitaires
Cette initiative s’inscrit dans un mouvement plus large de transparence encouragé par les pouvoirs publics. Le plan interministériel PFAS, lancé en 2024, prévoit la publication des mesures de ces substances via des cartes interactives officielles, a précisé le ministère de la Transition écologique. Le BRGM a d’ailleurs été mandaté pour concevoir un premier outil de visualisation national, en lien avec les données du contrôle sanitaire. Parallèlement, plusieurs Agences régionales de santé ont déjà intégré les PFAS à leurs campagnes de surveillance. En Hauts-de-France, des analyses préliminaires ont mis en évidence en 2024 des teneurs supérieures à la limite de qualité de 0,1 µg/L, atteignant jusqu’à 0,5 µg/L dans certaines communes comme Bornel, Dieudonné ou Esches. Ces dépassements ont conduit à des travaux correctifs, rapporte l’ARS Hauts-de-France.
Pauline Cervan, toxicologue chez Générations Futures, estime que la plateforme facilitera désormais la réactivité face à ces situations : « Grâce à Dans mon eau, ces défaillances dans l’information du public ne se reproduiront plus. Nous serons capables d’identifier ces situations très rapidement, au plus tard un mois après la publication de résultats inquiétants.», peut-on lire dans Reporterre. François Veillerette, porte-parole de l’ONG, ajoute : « Certaines situations vont en effet paraître bizarres aux habitants sur place, mais dans ces cas précis, nous pourrons remettre la carte à jour manuellement au fur et à mesure que nous obtiendrons les données officielles. » Les autorités confirment que les PFAS devront être intégrés au contrôle sanitaire national dès le 1ᵉʳ janvier 2026, renforçant la fiabilité des informations accessibles au grand public (ARS Hauts-de-France, 2025). Cette convergence entre associations, scientifiques et institutions publiques marque une évolution majeure vers une surveillance plus rigoureuse de la qualité de l’eau potable en France.
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Source: www.greenetvert.fr