Comment composter ses biodéchets quand on habite en ville ?
Plus de 30% des ordures ménagères sont des déchets organiques, ou biodéchets, qui peuvent être valorisés en compost pour fertiliser les cultures. Pourtant, une part importante de ces déchets — composés de 60 à 90% d’eau — est encore jetée avec le reste des ordures ménagères et se retrouve enfouie ou incinérée. Si depuis le 1er janvier 2024 la loi impose le tri à la source des biodéchets, à l’échelle individuelle il est parfois difficile de mettre en place une solution appropriée. En particulier en ville, où les logements sont généralement peu adaptés à la pratique du compost. Mais des solutions alternatives existent.
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Les composteurs partagés
L’alternative principale au compostage individuel, c’est le compostage collectif en pied d’immeuble. Le principe est simple : la copropriété, ou le bailleur social, installe des bacs de compost sur les espaces verts de la résidence et les habitants volontaires sont formés et accompagnés par des associations habilitées. À Paris, ce sont près de 900 composteurs qui ont été installés, ce qui en fait la ville la mieux dotée de France.
Ce système offre de nombreux avantages : une gestion locale des déchets, et donc moins de camions de transport, une sensibilisation au tri sélectif, ou encore une plus grande convivialité entre voisins. Mais il présente aussi des limites. Tout d’abord, le besoin en main-d’œuvre bénévole est important est nécessite une forte implication des résidents qui peut s’essouffler avec le temps. « Les consignes ne sont pas toujours bien respectées », déplore auprès d’Actu-Environnement Luc Blaise, référent compost à Montpellier. « Il faut passer quasiment quotidiennement, […] les gens déposent un sac en plastique des fois, donc il faut [le] vider, il faut [le] jeter ». Et le compost produit n’est pas soumis aux normes en vigueur et ne peut être utilisé que sur les espaces verts de la résidence ou les pots de fleurs des habitants.
Pour ceux qui ne peuvent pas bénéficier d’un système de compostage en pied d’immeuble, faute de place ou d’habitants prêts à s’impliquer, il existe également des associations qui proposent des composteurs de quartier, dans les jardins partagés par exemple. Le principe est le même : des référents formés au compostage gèrent bénévolement le dispositif, et les habitants du quartier viennent déposer leurs biodéchets tout en créant du lien. Le compost produit est utilisé pour le jardin ou le potager partagé.
Le principal inconvénient de ce système, c’est qu’il est victime de son succès et l’inscription sur une liste d’attente est généralement nécessaire.
Les bornes de collecte
Depuis quelques années, des bornes de collecte de déchets alimentaires apparaissent un peu partout en ville, et leur déploiement s’accélère depuis que les collectivités territoriales ont l’obligation de proposer des solutions de tri à la source pour tous. La Ville de Paris promet par exemple à ses habitants des bornes à moins de 3 minutes à pied de leur domicile.
Les déchets récoltés sont valorisés en compost pour être distribué aux fermes et maraîchages urbains ou aux agriculteurs de la région, ou bien en biogaz, utilisé par exemple par les réseaux de bus.
Le compost individuel dans les logements urbains
Pour ceux qui souhaitent se lancer dans l’aventure du compost individuel en appartement, il existe également des solutions. La plus connue, c’est le bac à lombricomposteur. Le principe : de petits vers de terre se nourrissent des déchets alimentaires et produisent un engrais liquide utilisable pour les plantes d’intérieur ou du balcon. Si ce système est facile et très efficace, il faut tout de même compter plusieurs mois avant de pouvoir récolter l’engrais. Et quelques précautions doivent être observées. Les vers sont sensibles à la température et craignent le gel et les températures supérieures à 35°. Et certains déchets, comme les protéines animales, les agrumes ou certains féculents, sont à éviter.
Pour aller plus loin : “Se mettre (vraiment) au zéro déchet : mode d’emploi”
Une autre solution vient du Japon. Le bokashi, qui signifie « matière organique bien fermentée », consiste à placer les biodéchets, protéines animales inclues, dans un contenant fermé puis à y verser un activateur qui permettra de les fermenter. Contrairement au lombricompostage, le bokashi n’est pas sensible aux variations de température. Et si le processus de transformation complet nécessite deux étapes, il s’effectue en seulement quelques semaines.
Source: www.linfodurable.fr