Autoroute A69, où en est-on ?
Relier Castres et Toulouse en 35 minutes. Voilà la promesse de l’autoroute A69, dont le chantier a débuté en avril 2023. Lancé dès le début des années 2000, ce projet de 53 km permettra de connecter l’A680, qui relie le village de Verfeuil au périphérique de Toulouse, d’une part, au périphérique de Castres d’autre part.
Mais ce dernier a un coût environnemental important. 400 hectares de terres agricoles ont été ou seront artificialisés et plus d’un millier d’arbres, dont certains centenaires, ont été ou seront abattus. Sans oublier l’impact sur les écosystèmes locaux, irrémédiablement détruits.
4 recours en justice
Le 20 novembre dernier, larapporteure publique, magistrate du Conseil d’État chargée d’exposer son opinion sur une problématique de manière publique et indépendante, a rendu son avis sur le projet, ne reconnaissant pas « l’existence d’une raison impérative d’intérêt public majeur justifiant le chantier ».
4 recours sont actuellement étudiés par le tribunal administratif de Toulouse, instance chargée de juger les litiges opposant des particuliers à une administration, qui a rouvert l’instruction du dossier le 9 décembre, à la surprise générale. Une décision contre laquelle s’insurgent 129 avocats, signataires d’une tribune dans France Info, pour qui cette réouverture permet avant tout la continuité des travaux.
Pendant que la justice prend son temps pour délibérer, le chantier avance. Le risque que la décision finale intervienne trop tard et rende toute annulation irréaliste se profile nettement. Le cas de l’A69 n’est pas isolé. Nombreux sont les exemples qui illustrent cette stratégie du "fait accompli" : contournement de Châtenois, déviation de Beynac, barrage de Fourogue, route de désenclavement à Pont-Sainte-Maxence… autant de projets qui ont été construits en toute illégalité et ont été annulés a posteriori par des décisions de justice."
Une demande de suspension des travaux avait d’ailleurs été déposée par des associations écologistes. Elle a été rejetée le 21 janvier, le juge estimant que les effets du chantier resteront « très limités » d’ici à ce que la justice prononce son verdict. Ce dernier devait initialement être rendu fin janvier mais a été repoussé « entre le 17 et le 28 février », selon France 3 Occitanie.
Un différend en cours depuis des années
Dès le début du chantier, les oppositions s’organisent pour le faire cesser. Pour se défendre, Atosca, promoteur du chantier et futur concessionnaire de l’autoroute, la présente comme une "autoroute du XXIe siècle", dont le but est de désenclaver le territoire tarnais. On note toutefois qu’une nationale longe le tracé de l’autoroute, reliant Castres et Toulouse gratuitement pour 20 minutes supplémentaires.
Durant les mois qui suivent, une "zone à défendre" (ZAD) s’installe sur le tracé de l’autoroute. Les militants qui y vivent se font appeler les "écureuils" puisqu’ils se perchent dans les arbres destinés à être abattus. Le militant Thomas Brail, chef de file du Groupement national de surveillances des arbres (GNSA), entame même une grève de la faim qui retardera le projet de plusieurs mois.
Mais les actions directes sont illégales et la tension monte avec le gouvernement. En juin 2024, des milliers de manifestants sont accueillis par les forces de l’ordre lors d’un rassemblement interdit par Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur. L’opposition s’organise depuis dans les tribunaux.
Source: www.linfodurable.fr