Alpes-de-Haute-Provence: deux militantes écologistes condamnées à une amende avec sursis
Le tribunal correctionnel de Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence) a condamné mardi à une amende de 1.200 euros avec sursis deux militantes écologistes qui avaient été mises en examen pour "entrave à la circulation" sur un chantier de centrale photovoltaïque dans les Alpes.
Les deux femmes ont également été condamnées à une amende de 120 euros pour pénétration non autorisée dans la propriété d’autrui, à 5.000 euros au titre des frais d’avocats de l’entreprise et à 3 mois de suspension du permis de conduire.
Les deux femmes, une sexagénaire et une septuagénaire, avaient été arrêtées début octobre, allongées en travers d'un chemin menant vers le chantier de l'entreprise canadienne Boralex à Cruis, sur la montagne de Lure.
"Sur la condamnation pour le délit d'entrave, le sentiment c'est la plus grande surprise, (…) c'est quelque chose qu'on n'accueille pas favorablement", a expliqué à l'AFP Me Nino Arnaud, avocat des deux militantes, indiquant qu'il prévoyait de faire appel.
"Dans ce cas précis, par décision locale de la mairie, les voies étaient fermées à la circulation du public. Donc, on a réussi à condamner des gens pour avoir bloqué l'accès du public à une voie dont l'accès au public était proscrit", a poursuivi Me Arnaud.
L'entreprise Boralex a pour sa part "accueilli avec satisfaction" la décision du tribunal. Boralex "tient à rappeler que le chantier de Cruis ne se fait pas au mépris des considérations écologiques du site sur lequel il se situe", a indiqué l'entreprise dans un message à l'AFP.
"Il n'est pas ici question de nier les impacts du projet – au demeurant inhérent à toute activité humaine – mais d'insister sur l'encadrement très strict mis en oeuvre afin de limiter l'empreinte environnementale du projet", a notamment affirmé Boralex.
Le parquet de Digne-les-Bains avait requis une amende avec sursis de 1.000 euros lors d'une audience qui avait duré environ 5 heures 30 en décembre.
"Cette décision ne peut qu'amener Sylvie et Claudine à faire appel. En creux, ce jugement c'est +Les sentinelles ça suffit! Laissez les intérêts privés triompher+", a expliqué à l'AFP Pierrot Pantel, ingénieur écologue et coordinateur de luttes environnementales, dénonçant "une procédure bâillon".
Les défenseurs de l'environnement dénoncent un chantier qui a déjà entraîné l'abattage de centaines d'arbres aux portes du Parc naturel régional du Lubéron.
Boralex, qui avait remporté l'appel d'offres pour cette centrale photovoltaïque en 2009, défend un projet qui va "revaloriser des parcelles communales peu fertiles" depuis un incendie en 2004. L'entreprise vise l'installation de 20.000 panneaux sur 17 hectares en 2024.
Pour elle, les opposants se trompent de cible en s'en prenant à un producteur d'énergie renouvelable.
faa/or
Source: www.linfodurable.fr