Alimentation : qu’est-ce que le nouveau logo Origin’Info ?
Un drapeau français sur un produit alimentaire, ça attire le regard et ça inspire confiance. Pourtant, ça n’est pas nécessairement synonyme d’un produit préparé avec des ingrédients d’origine française. Si en France les industriels ont une obligation de traçabilité pour les produits bruts tels que la viande, le poisson, ou les fruits et légumes, il n’en va pas de même pour les produits transformés. Et certains n’hésitent pas à afficher sur leurs packagings un drapeau tricolore accompagné de la mention « préparé en France », même si tous les ingrédients proviennent des quatre coins du monde. Un dispositif légal, mais qui peut induire le consommateur en erreur.
Face à ce constat, le gouvernement a décidé au printemps dernier de lancer un nouveau logo pour plus de transparence et de traçabilité : Origin’Info. Une initiative annoncée par le précédent gouvernement, et dont la mise en place va s’effectuer progressivement au cours des prochains mois. « Le consommateur français souhaite connaître l’origine des produits qu’il achète, l’origine des matières premières agricoles » a indiqué Laurence Garnier, secrétaire d’Etat chargée de la consommation lors du Salon international de l’alimentation (Sial). « Nous souhaitons qu’Origin’Info devienne pour [les consommateurs] une référence dans leur vie quotidienne ».
Un dispositif plus transparent mais facultatif
Concrètement, le dispositif se présente sous la forme d’un logo neutre qui indique, a minima, les trois principales matières agricoles du produit et leurs pays d’origine. Par exemple, pour un plat de pâtes à la bolognaise, le logo affichera la provenance du blé, des tomates et du boeuf. Il pourra être enrichi d’une indication du lieu où le produit a été transformé, symbolisé par une petite usine, ou d’un graphique représentant la part de chaque pays dans la composition du produit. Ces informations seront soit affichées directement sur le packaging, soit accessibles via un QR Code.
Pour les associations de consommateurs, la démarche est louable mais présente plusieurs limites. Au premier rang desquelles le caractère facultatif du logo. « Pour les fabricants qui ne veulent absolument rien faire, c’est possible », déplore auprès de l’AFP Olivier Andrault, chargé de mission alimentation à l’UFC-Que Choisir. L’association a par ailleurs observé, dans un communiqué commun avec Familles Rurales et Foodwatch, que « les marques ayant une politique d’approvisionnements aux origines multiples, variables ou lointaines ne seront pas incitées à faire preuve de plus de transparence ». D’autant qu’en mars dernier, l’UFC-Que Choisir avait publié une étude montrant que pour plus des deux tiers des ingrédients des aliments transformés, les fabricants indiquent une origine floue ou ne la renseignent pas du tout.
Le risque d’un "origine-washing"
Autre constat : lorsqu’une même matière première agricole provient de deux pays différents, l’affichage des provenances pourra se faire par ordre alphabétique plutôt que par volume. « Le risque existe d’un “origine-washing” », alerte dans le magazine 60 Millions de Consommateurs Olivier Dauvers, spécialiste de la grande distribution. « Pour des nuggets avec 5 % de poulet français et 95 % de poulet polonais, cela suffira à inscrire “France/Pologne” et non “Pologne/France” ».
Selon les associations, Origin’Info n’est pas suffisamment précis. Foodwatch déplore qu’il n’indique l’origine que des trois matières premières principales, et recommande d’élargir « l’obligation à l’origine des autres ingrédients […], quelles que soient leurs importances dans la recette du produit et en particulier s’ils font l’objet d’une mise en avant par le fabricant sur l’emballage du produit ».
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En mai dernier, 119 marques avaient adhéré à la charte du dispositif, selon le ministère de l’Economie. La marque le Gaulois va ainsi afficher l’étiquetage sur ses filets de poulet rôti à partir de novembre 2024, sur ses charcuteries de volaille, émincés et boudins à partir de janvier 2025, puis progressivement sur l’ensemble de ses produits. Le distributeur bio Biocoop commencera aussi à l’intégrer dès le mois de novembre 2024, et souhaite l’étendre à toutes ses références d’ici 2026. Mais pour d’autres industriels, comme Carrefour, aucune date de mise en oeuvre n’est annoncée. Quant au gouvernement, comme le rapporte Ouest-France, il espère un « effet incitatif, dans la mesure où les marques non-adhérentes [pourraient] avoir à justifier, auprès de leurs clients, des raisons pour lesquelles elles ne s’engagent pas ».
Source: www.linfodurable.fr