Acidification des océans : une septième limite planétaire bientôt atteinte
Des océans de plus en plus acides. En plus de leur impact sur le réchauffement climatique, les émissions de CO2 liées aux activités humaines perturbent aussi l’équilibre maritime. Les océans absorbent une partie du dioxyde de carbone de l’air qui, en se dissolvant, contribue à diminuer le pH de l’eau. Conséquence : une augmentation de l’acidité des mers qui pourrait atteindre d’ici quelques années un point de non-retour, selon un rapport de l’Institut du Potsdam Institute for Climate Impact Research.
Six limites planétaires déjà franchies
L’acidification des océans constitue l’une des neuf limites planétaires définies par le Stockholm Resilience Center en 2009. Des limites à ne pas franchir pour maintenir la stabilité de la Terre et son habitabilité. Mais sur ces neuf limites, six ont déjà été dépassées à ce jour : le changement climatique, l’intégrité de la biosphère, la modification de l’occupation des sols (déforestation, urbanisation…), la perturbation des cycles biochimiques de l’azote et du phosphore, l’introduction de nouvelles entités dans l’environnement (métaux lourds, composés radioactifs…) et l’altération du cycle de l’eau douce. Et une septième est en passe d’être franchie.
Le dépassement de ces différents seuils n’entraîne pas nécessairement des changements immédiats et radicaux, il s’agit davantage d’un point de non-retour : même en réduisant drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, leur concentration trop élevée va continuer à impacter le climat et les écosystèmes. Jusqu’à atteindre un point de bascule. « Depuis 2018, nous commençons à percevoir l’effet boomerang de nos dégradations antérieures. Cet effet boomerang n’est pas linéaire mais exponentiel. L’habitation de la planète devient de plus en plus difficile, et c’est cela le sens du référentiel des limites planétaires » explique Dominique Bourg, philosophe et spécialiste du climat, dans une conférence à l’Université de Technologie de Troyes.
Une menace pour toute la chaîne alimentaire
L’acidification croissante des océans vient ajouter une pression supplémentaire et impacte de manière significative la biodiversité marine. « Beaucoup de microorganismes mais aussi d’organismes plus gros comme les coraux, construisent leur coquille ou leur squelette à partir de carbonate. Dans un océan plus acide, le carbonate se dissout plus facilement, ils ont donc de bien plus grandes difficultés à former leurs corps » explique à RFI Wolfgang Lucht, spécialiste des systèmes planétaires à l’Institut du climat de Postdam. Avec des conséquences sur toute la chaîne alimentaire. « On est maintenant très proche de la zone à haut risque où ces changements profonds peuvent arriver », poursuit le chercheur.
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Outre l’acidification des océans dont la limite n'a, pour l’instant, pas encore été franchie, deux autres indicateurs restent dans le vert. D’une part, la concentration d’aérosols dans l’atmosphère, dont la tendance est légèrement à la baisse mais qui reste proche de la limite. Et d’autre part, l’état de la couche d’ozone, le seul indicateur qui pourrait rester en deçà du point de non-retour. Depuis la signature du Protocole de Montréal en 1987 visant à interdire l’usage des substances détruisant la couche d’ozone, celle-ci se résorbe et devrait être entièrement rétablie d’ici quarante ans.
Source: www.linfodurable.fr