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La centrale solaire sur un monument historique : enjeux patrimoniaux et énergétiques
C’est un projet qui mêle béton, mémoire, et kilowattheures. Construit par l’armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, le gigantesque bunker bordelais, classé « Architecture contemporaine remarquable » et inscrit dans le périmètre protégé du Port de la Lune (UNESCO), s’apprête à être coiffé de 6 600 panneaux solaires sur 13 000 mètres carrés de surface disponible.
Ce qui, selon les autorités locales, en fera « le bâtiment historique avec la plus grande toiture solarisée de France ». La structure, indestructible par nature, est paradoxalement partiellement inutilisable pour des raisons de charge, d’exposition ou de visibilité au sol. Un compromis a donc été trouvé, les panneaux, portés par une charpente métallique, seront invisibles depuis la rue pour ne pas heurter les règles de protection patrimoniale.
Autoconsommation collective : un modèle économique local
Mais au-delà du symbole, que produira réellement cette centrale solaire ? Entre 3,4 et 3,6 gigawattheures par an, soit la consommation électrique annuelle de plus de 700 foyers. Une électricité qui ne rejoindra pas le réseau national, mais qui alimentera directement les bâtiments voisins, dans un rayon d’un kilomètre, à travers un modèle dit d’autoconsommation collective. Des entités comme les Bassins des Lumières, des commerces de la zone, et la Banque alimentaire de Bordeaux et de la Gironde bénéficieront de cette électricité verte, facturée 120 euros le mégawattheure, un tarif fixe garanti sur 15 ans, inférieur de 15 à 20 % aux prix du marché.
Un modèle séduisant en période d’inflation énergétique. « Je tiens beaucoup à cette expérimentation pour montrer qu’il faut tordre le cou aux doutes et aux vents contraires sur le sujet des énergies renouvelables », a déclaré Pierre Hurmic sur le toit du bunker, dans des propos rapportés par Le Figaro. Avant d’ajouter : « Ce site garde la mémoire des travailleurs forcés qui l’ont construit. Mais de son passé sombre jaillit désormais la lumière d’une centrale solaire. »
Un investissement compris entre 5,5 et 5,9 millions d’euros
Porté par la société BoucL Énergie, le projet représente un investissement compris entre 5,5 et 5,9 millions d’euros, financé en partie par le Fonds européen de développement régional (Feder). Le maire vise rien de moins que 41 % d’autonomie énergétique locale à Bordeaux d’ici 2026.
Mais l’enjeu dépasse la seule ville. Hurmic souhaite que cette initiative serve d’exemple national, avec en ligne de mire la relance de la filière française de production de panneaux solaires, aujourd’hui largement dépendante de la Chine. Quant au sort futur des panneaux, l’entreprise précise qu’ils sont recyclables à 95 % et seront traités localement, en Gironde, à Saint-Loubès, dans une usine spécialisée.
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Source: www.greenetvert.fr