Qu’est-ce que le diagnostic de performance énergétique ?
Ceux qui épluchent les annonces immobilières le connaissent bien. En quelques années, le diagnostic de performance énergétique (DPE) est devenu un élément incontournable des transactions immobilières, scruté à la fois par les potentiels acquéreurs et par les candidats à la location. Mis en place en 2006 à titre informatif, cet indicateur, à la charge du propriétaire, est devenu obligatoire en 2021. Son but : renseigner sur la performance énergétique d’un logement en évaluant à la fois sa consommation d’énergie et ses émissions de gaz à effet de serre. En résulte une note allant de A pour les logements les plus performants à G pour les plus énergivores, les fameuses passoires thermiques.
Selon le ministère de l’Economie, un logement dont la consommation énergétique est supérieure à « 450 kWh/m2 d’énergie finale par mètre carré de surface habitable et par an » est considéré comme indécent, et ne peut être loué en l’état. À terme, cette interdiction devrait se durcir : les logements classés F ne pourront plus être loués à partir de 2028, et ceux classés E à partir de 2034. En théorie, dès le 1er janvier 2025, ce sont les logements classés G qui devraient être retirés du marché locatif. Mais lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre Michel Barnier a annoncé que le calendrier serait « aménagé ».
Une nouvelle méthode de calcul
Si le DPE a pour objectif d’informer sur la consommation énergétique d’un bien immobilier et de sensibiliser à la rénovation énergétique, sa fiabilité et sa méthode de calcul sont régulièrement décriées. Jusqu’en 2021, le DPE était établi sur la base des factures d’énergie des trois dernières années. Un système peu fiable et non harmonisé, qui dépend en grande partie de la composition du foyer et des habitudes de vie. Désormais, la méthode en vigueur est celle du « 3CL« , pour Calcul de la Consommation Conventionnelle des Logements. « Bien plus de paramètres sont désormais pris en compte, comme la présence ou non d’ombres portées sur le bien ou le confort d’été. Mais, même sur les caractéristiques techniques du bâtiment, le logiciel de calcul intègre désormais une palette de possibilités bien plus étoffées. Sur les isolants par exemple, le diagnostiqueur a bien plus de choix que par le passé » explique à l’UFC-Que Choisir Hassad Mouheb, président de Fed Experts, fédération regroupant des acteurs de l’efficacité énergétique et du contrôle technique du bâtiment.
Ce nouveau système de calcul plus précis a pour conséquence une caducité anticipée des DPE réalisés entre le 1er janvier 2018 et le 31 juillet 2021. En théorie valable pendant 10 ans, ces diagnostics devront être renouvelés avant le 1er janvier 2025.
Des écarts entre la théorie et la consommation réelle
En juin dernier, une étude du conseil d’analyse économique (CAE) est venue mesurer les effets des réformes du DPE. Si le CAE constate une diminution des DPE manipulés pour se trouver dans une catégorie plus favorable — de 3,9 % avant 2021 à 1,7 % aujourd’hui — il pointe également des éléments plus problématiques. « Si l’on observe bien une progressivité de la consommation réelle en fonction de la performance énergétique des logements, elle est cependant beaucoup moins forte que la consommation théorique du DPE », alerte-t-il. « La hausse de la consommation d’énergie au mètre carré entre un logement classé A/B et un logement classé G est six fois plus faible que celle prédite par le DPE ». Selon l’étude, ce qui explique cet écart entre la théorie et la réalité, ce sont les comportements des ménages, insuffisamment pris en compte. Comme « l’effet rebond » : dans un logement rénové, le ménage aura tendance à consommer davantage d’énergie par confort, les déperditions étant censées être plus faibles. Et la fiabilité du DPE peut aussi varier en fonction du professionnel qui le réalise.
Pour aller plus loin : "Ecologie : gagner plus, dépenser moins"
Pour pouvoir effectuer un DPE, le diagnostiqueur doit être certifié par l’Etat. Et si l’Ademe, l’agence de la transition écologique, donne une fourchette de 100 à 250€ en moyenne, les tarifs des DPE sont en réalité très variables. Et sont même en hausse « de l’ordre de 15 % » indique à l’UFC-Que Choisir Yannick Ainouche, président de la CDI-Fnaim, fédération professionnelle de diagnostiqueurs. « La formation est plus poussée, les contrôles sont renforcés, le renouvellement de certification plus régulier », énumère-t-il. « Ces changements, positifs, ont néanmoins un impact financier pour les diagnostiqueurs ».
Source: www.linfodurable.fr