Qu’est-ce que la formule E ?
"Nous sommes le premier sport au monde à atteindre l’objectif zéro carbone", assure Julia Pallé, directrice de la durabilité chez Formule E, dans une interview pour Tag Heuer, chronométreur officiel de la Fédération internationale de l’Automobile (FIA). Depuis son lancement en 2014 à Pékin, le championnat de formule E ne cesse de prendre de l’ampleur. Les courses se multiplient, les modèles de voiture se succèdent et le public semble être au rendez-vous.
Développée par Jean Todt, président de la FIA, et Alejandro Agag, homme d’affaires espagnol, aujourd’hui président de Formule E, cette discipline s’inspire des célèbres Grand Prix de formule 1, une catégorie de sport automobile durant laquelle des véhicules monoplaces ultra-rapides s’affrontent sur des circuits fermés.
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Comme la F1, mais en électrique
À la différence de la formule 1, la formule E (FE) utilise des moteurs électriques. En 2025, son double championnat (un par équipe et un par pilote) compte 24 pilotes, formant 12 équipes, qui concourent lors de 16 courses.
Les véhicules de FE sont toutefois moins puissants que ceux de F1. Alors que leur décharge maximale est de 250 kW, l’équivalent de 335 chevaux, les moteurs F1 peuvent atteindre les 1 000 chevaux en vitesse de pointe. En termes de vitesse, la FE est limitée à 225 km/h, tandis que le record de vitesse en F1, signé par le sud-africain Alan van der Merwe, atteint les 397 km/h.
Mais lors des premières saisons, la différence fondamentale entre les deux disciplines avait lieu lors de l’arrêt au stand. Les batteries étant à plat au bout de 25 min, les pilotes de FE étaient obligés de changer de véhicules, donnant lieu à des scènes de sauts de voiture à voiture. Ce n’est plus le cas depuis 2019 et l’utilisation de la Gen2, la 2e génération de véhicules de formule E. En 2025, les pilotes courent pour la première fois au volant de la Gen3 Evo, déclinaison de la 3e génération de voiture FE, preuve que le secteur est en continuelle évolution.
Une filière entièrement pensée pour être durable
Si la formule E est le seul sport à avoir atteint "l’objectif zéro carbone » dès 2020, comme le souligne Julia Pallé, ce n’est pas uniquement grâce à l’absence d’émissions de gaz à effet de serre en provenance du moteur de ses véhicules. Selon elle, l’entièreté de la filière et de son fonctionnement est pensée pour respecter des engagements de durabilité.
"Nous sommes la seule série de sports automobiles au monde à fonctionner de manière constante depuis plus de 5 ans en conformité avec la norme internationale pour la durabilité des événements, ISO 20121″, rappelle-t-elle. Cette norme est une référence internationale de durabilité dans le secteur de l’événementiel.
La directrice de la durabilité chez Formule E rappelle que le transport des composants des véhicules constitue 90 % de l’empreinte carbone de sa discipline. À la différence des autres séries automobiles, le transport se fait dans la FE par fret maritime, et non aérien, en respectant un calendrier des courses raisonné, qui évite de faire des allers-retours entre différentes destinations de la planète.
Pour aller plus loin : “Sport et écologie : mode d’emploi”
L'organisme s’est également engagé à recycler l’entièreté de ses composants à la fin de la saison, batterie comprise, ainsi qu’à utiliser moins de pneus que la discipline classique. Enfin, des objectifs de planification et de performances environnementales sont mises en place chaque année afin d’évaluer l’impact des événements et d’en tirer des leçons pour les années suivantes.
Greenwashing ou coup de génie ?
Alors s’agit-il d’une gigantesque campagne de greenwashing ou réellement d’un coup de génie ? Les 4 auteurs de l'article "Green light or black flag ? Greenwashing environmental sustainability in Formula One and Formula E" qualifient la formule E d’"ambitieuse" mais soulignent également ses limites.
Ainsi, si la FE représente une alternativeplus durable que la F1, celle-ci fait également face à ses propres défis. Les batteries des moteurs électriques posent toujours un problème de recyclage et d’extraction du lithium. Malgré des efforts sur le type de transport et sur le calendrier, les émissions liées au transport restent très élevées, les championnats se déroulant aux quatre coins du globe à chaque saison. De plus, les courses sont organisées en milieu urbain et de nouveaux circuits sont montés et démontés pour chacune d’elles.
Enfin, si la formule E est de plus en plus repérée par le public et les sponsors, c’est aussi le cas de la formule 1, dont la popularité n’a cessé de croire ses dernières décennies. La petite sœur n’est donc pas prête de remplacer la discipline maîtresse des sports automobiles. Mais comment la considérer comme un sport durable, si l'objectif n’est pas, à terme, de remplacer les moteurs thermiques de la F1 ?
Source: www.linfodurable.fr