Quel est l’impact écologique du tote bag ?
Le sac en coton réutilisable, ou tote bag, littéralement « sac à trimballer » en anglais, est entré massivement dans nos placards depuis que la distribution de sacs à usage unique a été interdite en 2016. Il se décline dans toutes les tailles, couleurs et logos, souvent plébiscité pour devenir un goodie, ces petits cadeaux offerts par les marques.
Fabriqués en coton, ces sacs sont généralement biodégradables, à la différence des sacs traditionnels en plastique, qui polluent nos océans. Ils peuvent aussi être utilisés et réutilisés pendant des années, être facilement réparés, voire même upcyclés en réutilisant le tissu.
Une fausse bonne idée
Mais tous ces avantages ne rendent pas pour autant ces sacs vertueux pour l’environnement. La culture du coton est considérée comme l’une des plus polluantes au monde. Elle représente 4,7 % des ventes mondiales de pesticides et 10 % de celles d’insecticides, d’après l’ONG Better Cotton Initiative.
Pour pallier cette utilisation massive de pesticides, il est tentant de se tourner vers le coton bio. Fausse bonne idée, d’après une étude de l’Agence de protection de l’environnement danoise datant de 2018. Le coton bio ayant un rendement beaucoup plus faible sur une même surface au sol, ses besoins en ressource sont plus élevés que le coton classique.
Le coton est également une plante très gourmande en eau. On estime que 1 kg de coton nécessite 20 000 litres d’eau pour être produit. La pluie et l’humidité naturelles sont rarement suffisantes et les réserves d’eau locales sont nécessaires à l’irrigation des cultures. Située en Asie centrale, entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, la mer d’Aral a perdu 90 % de sa surface depuis les années 60, lorsque l’URSS implante des cultures de coton la région.
Comparaison de la surface de la mer d’Aral entre 2000 (à gauche) et 2014 (à droite). La ligne noire représente les rives de la mer dans les années 60.©NASA Earth Observatory
Le coton bio a tout de même l’avantage de nécessiter un peu moins d’eau que le coton traditionnel. En effet, si tous les plants de coton ont besoin de la même quantité, les sols non traités sont plus riches en matières organiques et retiennent ainsi mieux l’eau que les sols appauvris par les pesticides et les engrais.
Il faut aussi prendre en compte l’impact du transport, le coton étant principalement cultivé en Inde, en Chine et aux États-Unis, mais également celui des produits chimiques utilisés lors de sa transformation. Une fois tissé, le coton subit encore un certain nombre d’étapes pour être blanchi, traité, teint, floqué, etc.
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Enfin, au-delà de l’impact écologique, le coton a souvent un bilan humain très lourd. Les ouvriers qui le cultivent sont souvent mal payés et travaillent parfois dans des conditions très dures, sans protection. La fondation américaine Victims of Communism révélait en 2020 que la Chine faisait travailler de force et dans des conditions terribles près d’un demi-million d’Ouïgours, une minorité ethnique chinoise persécutée, dans ses champs de coton.
Utiliser les tote bags à hauteur de leur impact
Faut-il abandonner définitivement le tote bag ? Pas forcément. Même si son impact écologique est élevé, il n’est pas forcément plus important que celui d’autres sacs… à condition d’être suffisamment utilisé.
Selon l’Agence environnementale britannique, un tote bag devrait être réutilisé au moins 130 fois pour avoir un impact environnemental moins élevé qu’un sac en plastique à usage unique. L’étude de l’Agence de protection de l’environnement danoise préconise plutôt… entre 7 000 et 20 000 utilisations. Cette étude ne prend toutefois pas en compte l’impact des sacs en plastique abandonnés dans la nature, une pratique peu courante au Danemark.
Il serait également contre-productif de se débarrasser des tote bags que nous possédons déjà. Comme souvent en matière d’écologie, les bons gestes sont les plus sobres : utiliser au maximum les tote bags que nous possédons déjà, recycler ceux qui sont en fin de vie et surtout, ne pas en accumuler de nouveaux.
Source: www.linfodurable.fr