Protection du loup : 5 minutes pour comprendre les revendications des associations
"La concentration de meutes de loups dans certaines régions d’Europe est devenue un véritable danger pour le bétail et, potentiellement, pour l’Homme" : par ces mots, Ursula Von Der Leyen lance en septembre 2023 un projet de révision du statut de protection du loup dans l’Union européenne. La présidente de la Commission européenne, dont le poney a été attaqué par un loup quelques jours auparavant, souhaite déclasser l’animal sauvage, de « strictement protégé » à « protégé ».
En France également, les règles de tir létal sur les loups viennent d’être assouplies. En effet, le nouveau Plan loup s’applique depuis le 20 février et s’inscrit dans un contexte de crise agricole. Alors que les syndicats d’éleveurs dénoncent les attaques répétées des loups sur leur bétail, les associations de défense des animaux appellent à nuancer. Une pétition, portée par onze d’entre elles, demande le maintien du statut « strictement protégé » du loup en Europe.
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Le loup beaucoup moins dangereux que dans l’imaginaire, selon les associations
"Soit les gens l’adorent, soit ils le détestent". C’est ainsi que Danielle Castagnoni, Secrétaire générale de la LPO PACA, conçoit la relation entre les humains et les loups. Or, outre la mysticité qui lui est prêtée, il reste une espèce de la faune sauvage qui participe à la chaîne alimentaire et à la biodiversité.
Les victimes représentent 0,14 % du cheptel ovin et caprin en France, malgré l’augmentation de la population de loups
Elle précise à ID que le loup n’"a pas tué d’humain depuis 1918, quand la rage sévissait en Europe". Concernant le bétail, les victimes se sont stabilisées à 12 000 brebis et chèvres par an depuis 2017. « Nous comprenons très bien qu’un éleveur qui subit ces pertes soit en difficulté. Seulement, ces victimes représentent 0,14 % du cheptel ovin et caprin en France, malgré que la population de loups a doublé sur la même période », ajoute la Secrétaire générale. Ils sont aujourd’hui entre 906 et 1 104 en France, selon les estimations.
Au contraire, Danielle Castagnoni rappelle les bénéfices du loup sur la biodiversité : "il régule les cervidés et les sangliers, en surpopulation et à l’origine de collisions avec les voitures ou de dégâts dans la forêt ». De plus, cet animal, qui a besoin de 300 à 400 km2 pour vivre, a donc tendance à se disperser. D’où l’impossibilité qu’il se retrouve en surpopulation dans une région, selon l’association.
Une mesure jugée inefficace voire contre productive
Alors que le dernier Plan loup arrive à son terme, la LPO PACA regrette qu’aucun bilan n’ait été conduit. Elle ne considère pas l’assouplissement des autorisations des tirs létaux, au niveau français et européen, comme une solution efficace. "Au contraire, les tirs déstructurent les meutes, qui sont en fait des familles », explique sa Secrétaire générale. Et d’ajouter : « En temps normal, les louveteaux apprennent de leurs parents à se méfier des exploitations humaines. Or, si l’adulte est tué, les jeunes ne savent pas comment se comporter ».
En outre, bien que la population du loup en France et en Europe soit en augmentation, cet équilibre reste encore fragile sur la majorité du territoire. En effet, l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) continue de le classer comme espèce en danger.
Les associations comme la LPO PACA s’inquiètent également qu’un déclassement du statut de protection du loup ouvre la voie à des mesures similaires pour lelynx et l’ours en Europe. Ces deux espèces font également des victimes dans les troupeaux et sont la cible des syndicats d’éleveurs. Or, leurs populations, victimes de braconnage notamment, sont extrêmement fragiles.
D’autres solutions poussées par les associations
Pour protéger le bétail des loups, d’autres solutions existent déjà, subventionnées par l’État. Le triptyque berger, clôture et chien est reconnu par les populations concernées, comme dans les Alpes. Ces options permettent aussi de créer de l’emploi. La LPO PACA les salue et souhaite leur développement dans toutes les régions où le loup risque de s’installer, afin d’anticiper et d’éviter les attaques en amont.
Pour aller plus loin, Danielle Castagnoni souhaiterait prendre exemple sur d’autres pays européens : "en Espagne, en Italie et en Pologne, la coexistence entre les loups et les élevages fonctionne mieux". Ces pays ont développé le tourisme sur cet animal, permettant de l’observer ou de marcher sur ses traces. « Ça pourrait être une idée d’activité pour les stations de montagne qui manquent de neige ? », propose-t-elle.
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Source: www.linfodurable.fr