PFAS : Une prise de conscience tardive ?
Le 27 février dernier était promulguée la loi « visant à protéger les populations des risques liés aux substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées », plus couramment appelées PFAS. Celles-ci, d’origine purement anthropique, sont parfois surnommées "polluants éternels" à cause de leur extrême résistance.
C’est en raison de cette forte stabilité que l’on retrouve des PFAS dans des milliers de produits de consommation, comme les mousses anti-incendie, les peintures, les implants médicaux, les revêtements anti-adhérence, ou encore les imperméabilisants. Il est en fait presque impossible de trouver un secteur industriel qui n’y a pas recours.
Or ces molécules sont également extrêmement mobiles et se déplacent très facilement dans la nature. Couplée à leur résistance tenace, ils génèrent une pollution éternelle, retrouvée dans l’ensemble du vivant, y compris le corps humain.
On estime aujourd’hui que 100 % de la population humaine est contaminée par au moins une de ces substances, d’après le rapport du député Cyrille Isaac-Sibille, à la tête de la mission gouvernementale sur les PFAS.
Table des matières
Utilisés depuis plus de 80 ans
L’usage des PFAS remonte à 1938, lorsque le chimiste américain Roy Plunkett et son équipe découvrent par hasard le polytétrafluoroéthylène (PTFE), plus connu sous le nom de Teflon, en référence à la marque qui le commercialise le premier. D’abord utilisé à des fins militaires, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale, l’entreprise américaine DuPont, propriétaire de Teflon, y a recours dans la fabrication d’une large gamme de produits, notamment des ustensiles de cuisine.
Ce n’est qu’à partir de 2001 qu’éclate le premier scandale lié à ces substances, qui se sont démocratisées à tous les secteurs industriels. L’avocat américain Robert Bilott révèle que l’entreprise DuPont a rejeté des quantités de PFOA, un type de PFAS, dans la rivière qui borde son usine de Virginie-Occidentale, en connaissant ses conséquences négatives pour la santé humaine.
Au total, 70 000 personnes ont été reconnues susceptibles d’avoir été contaminées et l’entreprise a été sanctionnée d’une amende inédite de 10 millions de dollars pour avoir dissimulé les risques sanitaires de la contamination au PFOA.
Une lente prise de conscience
Les premières actions visant à interdire certains PFAS s’organisent dans les années 2010 et aboutissent en 2019 au classement de plusieurs d’entre elles dans la liste des substances à éliminer, sans dérogation possible, par les États parties de la Convention de Stockholm.
Pour aller plus loin :" La transition écologique Made in France”
Aux États-Unis, absents de la convention, des restrictions sont progressivement édictées à partir de 2018 par quelques États comme la Californie, le Maine ou New York. Une première loi fédérale est toutefois passée par l’administration Biden pour limiter le seuil de présence de 6 PFAS dans l’eau potable.
L’Union européenne travaille depuis 2023 sur un projet d’interdiction globale des polluants éternels, décrits comme « l’une des plus grandes interdictions de substances chimiques jamais imposées en Europe », selon la déclaration commune de l’Allemagne, des Pays-Bas, du Danemark, de la Suède et de la Norvège, à l’origine de la proposition. Si elle aboutit, cette loi n’entrera pas en vigueur avant 2026.
"L’une des lois les plus ambitieuses au monde"
En France, l’opinion publique commence à être massivement alertée sur les dangers de la contamination aux PFAS à partir de 2021. Plusieurs enquêtes, comme le reportage « Polluants éternels », diffusé par France 5, sur les rejets illégaux de l’usine Arkema, dans la banlieue lyonnaise, font sérieusement entrer le sujet dans les médias.
La prise de conscience publique et politique qui s’ensuit mène à l’adoption de la loi de février 2025, qui bannit les PFAS de la composition des cosmétiques, des textiles d’habillement, à l’exception des vêtements de protection à destination des professionnels de la sécurité, et des farts pour les skis commercialisés en France à partir du 1ᵉʳ janvier 2026.
Cette loi, considérée comme l’une "des plus ambitieuses au monde" sur le sujet par son rapporteur, le député écologiste Nicolas Thierry, a été adoptée à 231 voix contre 51 à l’Assemblée nationale.
Source: www.linfodurable.fr