Pas-de-Calais : des centaines de manifestants contre un projet de stockage de déchets dangereux de Sarpi, filiale de Veolia
"Notre territoire, pas un dépotoir", "le bassin minier a déjà morflé" pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants, qui étaient environ 600 selon la police, 700 selon les organisateurs.
Ce projet d’une installation de stockage de déchets dangereux (ISDD) est porté par Sarpi, filiale de Veolia, qui a déposé en octobre dernier une demande d’autorisation environnementale.
S'il est autorisé, ce site pourra accueillir chaque année 100 000 tonnes de "déchets dangereux ultimes solides de composition minérale", comme des résidus d'épuration de fumée des incinérateurs d'ordures ménagères et des terres polluées provenant de la réhabilitation de friches.
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Un "non-sens environnemental, sanitaire et humain"
Les opposants, fédérés au sein de l'association ACIDDH, dénoncent un "non-sens environnemental, sanitaire et humain", dans une zone déjà "asphyxiée" par la pollution.
Le site serait situé "à 300 mètres des premières maisons, à 700 mètres d'une école maternelle" et à proximité d'une base de loisirs, a pointé par téléphone auprès de l'AFP Jean-Marie Caramiaux, maire (sans étiquette) de Hersin-Coupigny, qui abrite déjà un site de Suez dédié aux déchets non-dangereux.
"On a peur pour nos enfants", témoigne un manifestant, Frédéric Fasquel, instituteur à la retraite, disant n'accorder "aucune confiance" aux entreprises gérant les déchets. Il s’inquiète également de l’augmentation du trafic de camions.
"Le secteur n'est déjà pas très favorable pour la santé« , note Gérald, habitant de la commune voisine de Barlin. Au-delà des habitants, le projet suscite aussi l’opposition d’élus de tout bord.
Un projet contesté
Olivier Gacquerre, président de la communauté d'agglomération de Béthune-Bruay, assure que les 100 communes qui la composent le refusent.
La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, qui a été candidate aux législatives dans le Pas-de-Calais, "a bien compris les enjeux de fonds et de forme notamment l'acceptabilité", se félicite-t-il auprès de l'AFP. Les manifestants ont l'espoir qu'une prise de position de la ministre fasse échouer le projet.
Le président du conseil régional, Xavier Bertrand, a quant à lui écrit vendredi au préfet pour redire son opposition à ce choix d'implantation, contre lequel la région a voté à l'unanimité à deux reprises.
Mais pour Sarpi, ce projet répond à un besoin essentiel car la région ne possède plus de site de ce type depuis 1994 et envoie donc ses déchets ultimes vers d'autres régions, comme l'Ile-de-France, et l'étranger.
Les quantités de ces déchets vont croître dans les prochains années en raison de la réindustrialisation et de l’augmentation des exigences règlementaires, souligne Franck Choplin, responsable des installations de stockage des déchets dangereux chez Sarpi Veolia.
Sur le site, les déchets seront confinés, isolés par une épaisse couche d'argile et une géomembrane. "L'objectif est de confiner les résidus qu'on reçoit, pas de les disperser dans l'environnement", veut rassurer M. Choplin, qui souligne aussi les atouts de ce site, au coeur de la région.
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Avec AFP.
Source: www.linfodurable.fr