© Marijakes/ Pixabay
L’irrigation des champs avec des eaux usées appelée à se développer
Article réservé aux abonnés
Irriguer des salades ou des vignes avec des eaux usées: un arrêté publié jeudi encadre le recyclage, après traitement, d'une ressource qui va se raréfier avec le changement climatique.
Cet arrêté du gouvernement prescrit des mesures (traitement, stockage, distribution, surveillance) destinées à « garantir la protection de la santé publique, humaine et animale, et de l'environnement« . Il est notamment précisé le niveau de qualité sanitaire que doivent atteindre, en fonction des cultures, ces eaux issues de stations d’épuration, aujourd’hui massivement rejetées dans le milieu naturel.
Ce type d'irrigation doit faire l'objet d'une autorisation des autorités. Un arrêté du 14 décembre fixait un cadre similaire pour l'arrosage des espaces verts. Un autre texte est attendu par le secteur agroalimentaire qui compte réutiliser l’eau traitée dans les stations d’épuration des usines. Après la sécheresse de 2022 et son cortège de restrictions, le plan eau présenté en mars par le gouvernement français prévoyait de lever en 2023 « les freins règlementaires à la valorisation des eaux non conventionnelles ».
Le ministère de l'Agriculture donne dans un communiqué des exemples de ce que l'arrêté change par rapport à la réglementation antérieure: pour un producteur de salades de plein champ, "les niveaux de seuils de qualité ont été renforcés pour garantir la sécurité sanitaire« . « Toutefois, est-il ajouté, une eau de qualité moindre peut désormais être utilisée si l’exploitant met en place des mesures barrières », comme un « lavage à l’eau potable de la production avant sa vente au consommateur ». :Un vigneron pourra aussi recourir à une eau « de qualité moindre » avec des « mesures barrières » de type « irrigation goutte à goutte, arrêt de l’irrigation avant les vendanges ».
"Importantes contraintes"
Selon le Programme des Nations unies pour l'environnement, "seulement 11%" des eaux usées domestiques et industrielles sont intentionnellement réutilisées à l'échelle de la planète. Avec de grandes variations: moins de 1% en France, d'après le centre d'études sur l'environnement Cerema, et au moins 80% en Israël, principalement pour irriguer les cultures, selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
La Jordanie a été "l'un des précurseurs" en matière de réutilisation – ou "réut" – pour irriguer les cultures "dès la fin des années 1970 (…), avant que d'autres pays arabes s'y mettent", soulignait un rapport interministériel d'octobre.
"Israël est aujourd'hui en pointe avec près de 50% des terres cultivées arrosées avec de l'eau recyclée (…). Peuvent être aussi cités Doha au Qatar, avec 245.000 m3 par jour de +réut+ destinés à l’irrigation, ou encore l’Italie avec des cultures maraîchères dans la région de Milan », selon ce rapport.
En France, l'un des premiers projets remonte aux années 1990, porté par des cultivateurs de maïs semence et de betteraves de la plaine de Limagne, en Auvergne. Il permet d'irriguer 750 hectares à partir des eaux usées de Clermont-Ferrand.
La "réut" est "une ressource insuffisamment exploitée, forte de développements potentiels intéressants, mais sous le poids d'importantes contraintes techniques, réglementaires et socio-économiques", relevait en 2022 un rapport du Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), qui dépend du ministère de l'Agriculture.
Son coût est un obstacle: l'eau d'irrigation issue des eaux usées traitées était alors estimée "entre 0,80 et 1 euro le m3, contre 0,05 à 0,20 euro le m3 pour une irrigation 'classique'". Le CGAAER ajoutait qu'il n'y avait pas de "solution miracle" face à la raréfaction de la ressource en eau et qu’il importait « déjà d’essayer de diminuer la demande en eau d’irrigation des cultures ».
Avec AFP.
Vous avez apprécié cette information ? Abonnez-vous à notre newsletter en cliquant ici !
Pour aller plus loin et agir à votre échelle, découvrez notre guide Idées Pratiques #13 : "Sport et écologie : mode d’emploi”.
Au sommaire : enjeux, analyses, entretien décryptages… 68 pages pour faire du sport en étant écolo au quotidien !
Cliquez ici pour découvrir et commander votre guide Idées Pratiques.
#TousActeurs
Source: www.linfodurable.fr