Les immeubles participatifs, une vision d’avenir ?
23 foyers partageant 3 chambres d’amis, 4 buanderies, un jardin et bien d’autres choses encore. C’est ainsi que les habitants de MasCobado, unensemble d'immeubles participatifs situé au cœur de Montpellier, ont décidé de vivre. Chaque famille possède son propre appartement mais partage des espaces de vie et du matériel.
Lancé en 2015, le projet a rassemblé des personnes qui ne se connaissaient pas au préalable mais qui partageaient des valeurs communes : recréer du lien social dans un espace urbain anonyme et vivre dans un logement écologique, tout en réalisant des économies.
Vivre mieux pour moins cher
La dimension économique est souvent à l’origine des projets d’habitats participatifs. À Bruxelles, le projet Brutopia a d’abord rassemblé des habitants de la capitale pour qui se loger devenait difficile. « La plupart des « Brutopistes » n’auraient pu espérer acheter un appartement comparable, en ville, aux conditions actuelles du marché immobilier », peut-on lire sur leur site.
Les premières économies sont réalisées avant même d’y emménager. L'absence de promoteur immobilier, la réalisation d’achats groupés ou encore la possibilité de faire soi-même, grâce aux diverses expertises des participants, permettent d’éviter des dépenses. Toutefois, les économies les plus importantes ont lieu après l’emménagement. À MasCobado, à Montpellier, le coût des charges mensuelles (eau, électricité, chauffage et charge de copropriété) d’un T3 de 60 m² est de 89 €.
À cela s’ajoute la mutualisation des espaces communs et de certains objets, comme les vélos, les outils ou certains appareils électroménagers. Lorsque l’on sait qu’une perceuse est utilisée en moyenne 12 minutes tout au long de sa vie pour un coût allant de 40 € à plus de 300 €, les calculs sont vite faits.
« La durée moyenne d'utilisation d'une perceuse sur toute sa durée de vie, c'est 12 minutes! L'économie du partage est une option pour répondre à la question du suréquipement ! » @benitoandco directeur @RessourcerieDB#ConsoResponsable#SobriétéMatériellepic.twitter.com/ej7tQLn9fM
— ADEME (@ademe) September 26, 2018
Au-delà de l’aspect purement économique, la mutualisation répond aussi à un objectif social et écologique. Créer des lieux de vie communs permet aux habitants de se croiser quotidiennement et de partager des projets, comme l’entretien d’un potager. Posséder une seule tondeuse ou trois aspirateurs pour une vingtaine de foyers est aussi un moyen de lutter drastiquement contre la surconsommation.
Un cadre juridique fixé depuis 2014
À Paris, les membres de la coopérative UTOP partagent une salle commune, une buanderie, un toit-terrasse et bientôt un studio de musique. Habitée depuis environ un an, l'initiative est née d’un appel à projets de la mairie de Paris en 2014, à l’occasion de l'entrée en vigueur de la loi Alur, qui fixe le cadre juridique des habitats participatifs.
Les habitants peuvent se constituer en société coopérative d’habitants, comme c’est le cas à UTOP. Dans ce système, les habitants sont locataires de leur logement et paient un loyer à la société coopérative, dans laquelle ils possèdent des parts. Ces loyers servent à payer les frais de copropriété et l’emprunt collectif. N’étant pas lucratif, ce système permet de décorréler les loyers du marché immobilier.
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Il est aussi possible pour les habitants de créer une société d’attribution et d’autopromotion. Dans ce cas, ils souscrivent à un emprunt personnel pour financer l’achat ou la construction du bâtiment et se voient attribuer un logement en fonction de leur participation financière. Une fois le chantier livré, ce type de société peut évoluer en copropriété classique ou en coopérative d’habitants.
Chez UTOP, les habitants ont bénéficié du soutien d’une coopérative HLM pour l’acquisition du terrain et d’un bailleur social pour obtenir l’apport nécessaire au crédit destiné à financer la construction de l’immeuble. Il est en effet rare qu’un projet d’habitat partagé aboutisse uniquement par le truchement de ses habitants, à cause de la complexité de la tâche à accomplir.
Si ce type de logement est encore balbutiant en France, il est nettement plus développé autre part en Europe, notamment en Allemagne ou dans les pays nordiques, où l’habitat social représente une part importante du parc locatif. À Oslo, en Norvège, championne de l’habitat participatif, 15 % des logements fonctionnent selon ce modèle. Mais le record reste Tübingen, ville étudiante de l’ouest de l’Allemagne, où 80 % des logements sont participatifs.
Source: www.linfodurable.fr