Les bateaux de croisière bientôt interdits à Nice pour lutter contre le surtourisme et la pollution
"La plaisance, oui, les immeubles flottants, non" a résumé Christian Estrosi. Le maire de Nice, étiqueté Horizons, a annoncé l’interdiction des bateaux de croisière de plus de 900 passagers dans les ports de la métropole Nice Côte d’Azur.
« Moi, les croisières qui polluent, qui déversent leur clientèle low cost qui ne consomment rien, mais laissent leurs déchets derrière eux, eh bien je le dis : ces croisières n’ont pas leur place chez nous », a-t-il déclaré lors des vœux du maire.
L’arrêté, signé vendredi 24 janvier, ne concerne que le port de Villefranche-sur-Mer, le seul de l’agglomération à avoir la capacité d’accueillir de tels navires. Si Christian Estrosi peut se prononcer sur une autre ville que la sienne, c'est parce qu’il agit en sa qualité de président de la métropole, propriétaire du port de Villefranche.
Une décision saluée par l’opposition écologiste
Mobilisée depuis plusieurs années sur le sujet, l’opposition écologiste a accueilli cette déclaration avec enthousiasme. Juliette Chesnel-Le Roux, conseillère municipale et métropolitaine Europe Ecologie Les Verts (EELV) parle d’une "victoire du combat écologique".
Longtemps ignorés par les acteurs du tourisme de la Côte d’Azur, les enjeux environnementaux sont invoqués par Christian Estrosi comme la principale raison de son interdiction. Le maire de Nice souhaite lutter contre la pollution générée par le surtourisme dans la ville.
Le tourisme de croisière séduit en effet de plus en plus de personnes et pas uniquement parmi les plus fortunées. En 2023, on a dénombré plus de 31,5 millions de croisiéristes dans le monde, contre 29,8 millions en 2019, selon l’association internationale des lignes de croisières (CLIA). À Villefranche, ce sont 223 000 personnes qui débarquent chaque année, faisant de la métropole niçoise la 2e destination de croisière française après Marseille.
Si la fréquentation annuelle de la ville ne semble pas démesurée, celle-ci n’est pas répartie équitablement dans le temps. La capacité des navires de croisière accueillis dans la rade peut aller jusqu’à 3 500 passagers. En pleine saison, ce sont plusieurs bateaux qui accostent chaque jour.
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Au-delà du surtourisme, le secteur de la croisière pose de nombreux autres problèmes environnementaux. Une étude de la Fédération européenne pour le transport et l’environnement publiée en juin 2023 révèle que les 218 navires européens avaient émis autant d’oxyde de soufre (SOx) qu’un milliard de voitures sur la même période. Elle souligne aussi que les émissions de méthane liées aux bateaux de croisière en Europe ont été multipliées par 5 entre 2019 et 2022.
Une prise de conscience à mesurer
Le président de la métropole Nice Côte d’Azur n’a toutefois pas caché que sa décision n’était pas uniquement liée à une prise de conscience environnementale. À la différence d’autres villes européennes ayant banni les bateaux de croisière, comme Amsterdam et Venise, Nice restera accessible aux navires de moins de 900 passagers ne dépassant pas les 180 mètres. Des bateaux bien plus luxueux que ce qu’il appelle des "monstres des mers".
Stop au surtourisme. Je veux un tourisme choisi, pas un tourisme subi.
Nous le jugulerons en luttant contre :
1️⃣les airbnb industrialisés
2️⃣Les autocars en ville
3️⃣les paquebots géants, qui enfument les Niçois, polluent énormément et menacent la biodiversité marine.
Je veux… pic.twitter.com/jy7qFp4tfG— Christian Estrosi (@cestrosi) January 22, 2025
L’élue écologiste Juliette Chesnel-Le Roux reconnaît de "la communication comme Christian Estrosi sait le faire". Elle souligne sur son compte Bluesky le manque de cohérence du maire, en faveur de l’extension de l’aéroport de la ville, et réclame également une interdiction des méga-yachts dans le port de Nice.
Source: www.linfodurable.fr