Comment la réglementation et l’IA générative boostent la finance durable
La durabilité est devenue un enjeu vital pour les services financiers, portée par une double dynamique réglementaire et commerciale. D’un côté, les nouvelles réglementations telles que la directive européenne Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) en vigueur depuis le 1er janvier, contraignent les grandes entreprises et les PME cotées en bourse à établir un rapport extra-financier sur leurs impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). D’autre part, la demande pour des produits financiers verts tels que les obligations vertes, continue de gagner du terrain.
Cependant, plusieurs défis freinent encore l’essor de la finance durable. Par exemple, l’engouement pour les crédits bancaires durables (sustainability-linked loans ou SLL en anglais) connait une légère baisse en raison des inquiétudes autour d’écoblanchiment et de leur structure extrêmement complexe. De plus, le manque de normes cohérentes sur le marché et la difficulté d’accès à des données ESG précises fiables sont autant d’obstacles à surmonter.
Pour tirer parti de la finance durable, les institutions financières doivent avant tout se doter des capacités d’intégration des données ESG et automatiser les processus associés à la gestion et la gouvernance de ces données.
Une réglementation favorable à un avenir plus vert
L’entrée en vigueur de la directive européenne CSRD marque une étape importante dans l’essor de la finance durable. Près de 50 000 entreprises européennes devront ainsi divulguer les informations relatives à leur impact ESG et remettre leur premier rapport début 2025.
En complément, la Commission européenne a annoncé lors de la COP28 le développement de normes de reporting spécifiques (European Sustainability Reporting Standard ou ESRS en anglais) pour accompagner les petites et moyennes entreprises dans la mise en œuvre de ce nouveau cadre réglementaire. Cela permettra aux PME de répondre aux exigences ESG imposés par leurs partenaires commerciaux (grandes entreprises, banques, investisseurs) et accéder à une gamme plus étendue de produits financiers durables.
Pour améliorer la qualité et la comparabilité des rapports, la Commission européenne entend également réglementer les notations ESG. Si les fournisseurs de notations étaient toujours libres de choisir leur propre méthodologie (à condition que celle-ci respecte les objectifs de l'Accord de Paris), ce nouveau cadre devrait apporter davantage de clarté et de fiabilité, favorisant les investissements et l'amélioration des relations entre les parties prenantes.
En outre, les députés européens ont adopté en octobre 2023, la proposition de règlement sur les obligations vertes (EU Green Bonds standard ou EuGBS en anglais), afin d’établir des critères clairs et des obligations de reporting strictes pour les obligations vertes émises en Europe. Ces initiatives sont essentielles pour renforcer et la transparence et la crédibilité du marché de la finance verte, à réduire le greenwashing et à flécher les capitaux vers des projets qui contribuent réellement à l’écologie.
Le rôle de IA générative pour le reporting extra-financier
Le reporting ESG constitue un avantage concurrentiel pour les entreprises, les fintechs et les institutions financières, mais il pose également plusieurs défis, principalement en en matière de qualité et d’accès aux données. Selon une étude d’EY, les données ESG des entreprises sont souvent éparpillées à travers diverse applications et bases de données. 55% des dirigeants interrogées ont même révélé que ces données se trouvaient généralement dans des feuilles de calcul. Or, tout cela nécessite un traitement manuel, qui s’avère chronophage et onéreux, en plus d’accroître les risques d’erreurs. Compte tenu des nouvelles obligations de reporting extra-financier, les entreprises et les institutions ont tout intérêt à automatiser au maximum la collecte et la gestion de leurs données ESG.
Les innovations technologiques, telles que l’intelligence artificielle générative (IA générative) sont une piste pertinente pour y arriver. Dans une récente étude, 36 % des professionnels déclarent qu’ils souhaitent exploiter l’intelligence artificielle générative pour collecter, traiter et analyser les données nécessaires à la classification ESG et à la prise de décision. Une fois que les institutions financières disposent de données plus fiables, elles peuvent optimiser leurs processus de reporting, rationaliser l’octroi des SLLs et la gestion des risques en conséquence.
Les partenariats avec les fintechs peuvent aider les banques à tirer parti de ces technologies et de ces écosystèmes innovants qui permettent de partager facilement des informations et de suivre les indicateurs clés de performance tout en garantissant la conformité avec les futures réglementations.
Alors que 85 % des institutions financières considèrent que la finance doit soutenir les initiatives ESG et cherchent activement à progresser sur ces enjeux, l’innovation technologique leur offre aujourd’hui l'opportunité de se doter d'une stratégie ESG robuste, d'harmoniser et de démocratiser les données pour déployer de meilleures solutions et, ainsi, acquérir un avantage concurrentiel significatif.
Par Jamie Lait, Senior Solutions Consultant Lending chez Finastra.
Source: www.linfodurable.fr