Budget 2025 : quelles annonces pour la transition écologique ?
C’est le tournant de la rigueur. Ce jeudi 10 octobre, le gouvernement de Michel Barnier a présenté son projet de loi de finances (PLF) pour 2025 visant à redresser les comptes publics et à ramener le déficit de la France à 5 % du PIB. « Un effort aussi urgent que nécessaire pour renouer avec une trajectoire budgétaire soutenable, qui préserve nos conditions de financement et nous permette à terme de stabiliser, puis de réduire notre endettement », ont expliqué le ministre de l’Économie et des Finances Antoine Armand, et Laurent Saint-Martin, le ministre délégué chargé du Budget. Et si la Défense et la Santé sont préservées, d’autres domaines vont voir leur budget diminuer, parfois considérablement.
Près de 2 milliards d’euros d’économies
C’est notamment le cas de la transition écologique, domaine dans lequel le gouvernement entend économiser 1,9 milliard d’euros. Pour atteindre cet objectif, trois aides vont perdre une part significative de leur budget. Dont certaines avaient déjà été diminuées en 2024.
En premier lieu, le dispositif d’aide à la rénovation énergétique des logements MaPrimeRénov va être raboté d’un milliard d’euros, après avoir été amputé du même montant en février 2024 par le gouvernement Attal. Un choix justifié par la sous-utilisation du dispositif et la volonté d’un « recalibrage » de cette aide par le ministère de l’Economie, qui souligne par ailleurs que le budget accordé en 2025 est en hausse de 900 millions d’euros par rapport à celui de 2023.
C’est ensuite le "fonds vert » qui va faire les frais de la rigueur. Ce dispositif destiné à financer la transition écologique des collectivités territoriales voit son enveloppe passer de 2,5 milliards à 1 milliard d’euros après avoir été, lui aussi, déjà réduit au début de l’année 2024.
Enfin, si le malus écologique, qui accroît le coût d’un véhicule en fonction de ses émissions de CO2 va être augmenté, les primes à l’achat de véhicules électriques vont, elles, être réduites. Le montant consacré à ce dispositif va être diminué d’un tiers, passant de 1,5 milliard à 1 milliard d’euros.
"Une vision court-termiste"
"Le problème en matière d’écologie, c’est que l’on ne parle jamais du coût de l’inaction", déplore sur TF1 l’ancien ministre de la Transition écologique Christophe Béchu. "Sauf que si on n’investit pas, par exemple, pour prévenir la montée des océans et l’érosion du trait de côte, ce que ça nous coûtera à la fin, si on ne fait rien, ce sera dix fois plus cher pour les finances publiques« . Un constat partagé par les ONG. « Faire des économies sur la transition écologique, c’est faire preuve d’une vision court termiste », juge Morgane Piederrière, responsable plaidoyer de France Nature Environnement. « Le coût de l’inaction représente entre 5 et 25 % du PIB mondial, donc faire des économies là-dessus c’est se préparer des dépenses pour plus tard ».
Pour aller plus loin : "Ecologie : gagner plus, dépenser moins"
Malgré ces baisses significatives, le gouvernement vante une rallonge de 2,8 milliards d'euros des crédits "Écologie, développement et mobilité durables". Mais pour Damien Demailly, directeur adjoint de l'Institut de l'économie pour le Climat (I4CE), cette augmentation est liée à "la baisse des prix de l'électricité qui pousse mécaniquement à la hausse les dépenses de l'Etat pour l’électricité renouvelable ». Electricité dont la taxe sera par ailleurs relevée au-delà de son niveau d’avant la crise énergétique. Une situation qu’Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique et de l’Energie compte surveiller. « Il ne faut pas que l’électricité coûte plus cher que les énergies fossiles. Personne ne comprendrait ».
Source: www.linfodurable.fr