Avec les « Clep », les employeurs publics jouent collectif pour recruter local
Un acronyme de plus, mais pour mieux recruter: dans la fonction publique, les "Clep" ou Comités locaux de l'emploi public réunissent depuis peu des employeurs publics de tous horizons, pour trouver ensemble des solutions à la crise d'attractivité du secteur.
Entre l’Etat, les hôpitaux et les collectivités, « aujourd’hui on se fait la guerre pour recruter », a constaté la patronne de l’administration Nathalie Colin lors du premier Clep des Pays de la Loire, en décembre 2023 à Nantes.
Primes, conditions de travail… les employeurs multiplient les appâts pour pourvoir leurs postes vacants, a rappelé la directrice générale de l'administration et de la fonction publique.
Mais tous n'ont pas les mêmes moyens, et pour Nathalie Colin "c'est en travaillant ensemble qu'on arrivera" à recruter, à l'heure où les départs en retraite des fonctionnaires s'accélèrent et où les concours d'accès aux emplois publics sont de moins en moins sélectifs.
Aux difficultés de recrutement des employeurs publics s'ajoute "une vraie aspiration (des actifs, NDLR) à dérouler sa carrière dans un bassin d'emploi" unique, relève auprès de l'AFP Séverine Bienassis, directrice de la plate-forme régionale de gestion des ressources humaines (PFRH) des Pays de la Loire.
D'où l'idée de lancer des Clep, des instances qui réunissent les employeurs des trois branches de la fonction publique implantés dans un même territoire (département, région ou bassin d'emploi).
Dans une administration encore très centralisée, le pari des Clep est d'adresser un message nouveau aux agents publics, souligne Aude Torchy: "Tu peux avoir des postes hyper intéressants, monter (en grade), tout en restant au sein de la région parce que tu vas changer de ministère, de versant de la fonction publique", développe la directrice de la PFRH des Hauts-de-France.
Pour les employeurs, "l'idée de ces Clep, c'est avant tout de pouvoir échanger ensemble, de mieux se connaître", à l'opposé de la "méfiance" mutuelle qui prévalait souvent jusque-là, poursuit Mme Torchy.
"On a tous à y gagner", assure-t-elle. Ce dialogue nouveau entre employeurs peut livrer des résultats rapidement: un webinaire organisé par le Clep du département du Nord lui a ainsi permis de partager le CV d'une personne qui souhaitait faire un stage dans la fonction publique d'Etat.
"La personne est actuellement en stage d'immersion à la préfecture du Nord", se satisfait-elle.
– Rallye découverte –
Les sept Clep des Hauts-de-France misent aussi de plus en plus sur les forums de recrutement organisés dans la région, alors que les employeurs publics concentraient jusqu'alors leurs efforts sur des forums réservés aux fonctionnaires.
"Sur des régions peu attractives, si on continue à réfléchir sur le vivier qui est le nôtre actuellement, on ne va pas aller bien loin", admet Aude Torchy.
"Il faut augmenter le vivier, aller chercher un autre public" notamment lors des forums, poursuit-elle.
Là aussi, les résultats de cette politique de recrutement poussée par les Clep sont aisément mesurables: nombre de visiteurs présents aux forums, nombre de CV déposés, nombre de candidatures déposées…
Autre région, autre stratégie: en Normandie, le directeur de la PFRH Antoine Buno veut se servir des Clep pour recruter des jeunes en "priorité", plutôt que des demandeurs d'emploi ou des salariés en reconversion, davantage ciblés par les forums.
En septembre 2023 a ainsi été organisé à Evreux un "rallye découverte des métiers de la fonction publique": 200 collégiens et lycéens y ont rencontré des représentants de différentes administrations locales et découvert un éventail de professions publiques.
Grâce aux Clep, "on s'est aperçu que la fonction publique et l'administration n'étaient pas forcément des repoussoirs", mais que les Français et les jeunes en particulier "les méconnaissaient", avance Antoine Buno.
Au niveau national, "plus de 40 Clep sont désormais installés", indique à l'AFP la direction générale de l'administration (DGAFP), un total qui devrait grimper à 85 "dans les prochains mois".
Mais d'un comité à l'autre, les travaux ne vont pas à la même vitesse: l'instance spécifique au bassin minier s'attelle encore à dresser une "cartographie" des métiers publics les plus en tension sur ce territoire, souligne Aude Torchy.
Source: www.linfodurable.fr