Avant le Salon de l’agriculture, les Ecologistes « droits dans leur bottes » sur le terrain
A quelques jours du Salon de l'agriculture, les Ecologistes s'affichent comme "les meilleurs alliés des agriculteurs" et se disent "droits dans leurs bottes" en multipliant les visites dans les fermes, défendant leurs propositions "construites depuis des années" bien avant la colère paysanne de janvier.
Aisne, Essonne, Cher, Limousin, Aveyron: la patronne des Ecologistes Marine Tondelier enchaîne les visites d’exploitations, mais le répète: ces déplacements étaient prévus avant la mobilisation des agriculteurs, se plaignant de crouler sous les normes et de ne pas gagner assez bien leur vie.
Les Verts, opposés à une agriculture productiviste, à l'emploi de pesticides et aux méga-bassines, sont souvent désignés comme les ennemis du monde paysan, et ont été particulièrement ciblés pendant la crise, notamment par le gouvernement.
Marine Tondelier souligne au contraire que les écologistes ont "beaucoup de convergences avec les agriculteurs, mais pas que des convergences, c'est vrai, et pas avec tous les agriculteurs".
"On voulait confronter nos visions et nos inquiétudes", a-t-elle expliqué mardi, chaussée de bottes dans une exploitation maraîchère de Bourges, avec les eurodéputés Benoit Biteau et Claude Gruffat.
Face à elle, Aurélien Chartendrault, de la ferme Beauregard, une exploitation bio au coeur de la ville.
Se sont ajoutés des agriculteurs de la Confédération paysanne, syndicat proche du mouvement écologiste, venus lui faire part de leur "stupeur" après l'annonce du gouvernement d'une "pause" du plan Ecophyto de réduction des pesticides.
"C'est une marche arrière de plusieurs années", se désole l'un d'eux, jugeant que les mesures annoncées vont "permettre aux gros exploitants de survivre. Nous les petits maraîchers, on va disparaître".
Pour Marine Tondelier, elle-même petite-fille de paysan, "la vraie détresse est sur la question des revenus".
Le gouvernement a fait une "offrande", une "victime expiatoire", avec le plan Ecophyto, mais "ça ne va rien résoudre. C'est l'écologie qui a pris une balle et ça va nuire à tout le monde", a-t-elle expliqué, avant d'aller grignoter nature quelques feuilles de salades et d'épinard. "On m'appelle le lapin", sourit-elle.
La dirigeante écologiste n'est pas toujours en terrain conquis. Dans l'Aveyron, elle sera reçue vendredi par un éleveur de la Coordination rurale, organisation avec laquelle elle avait eu maille à partir l'an passé lors d'une visite chahutée dans le Lot-et-Garonne.
– "beau cadeau" –
Mercredi, l'écologiste rencontre aussi le patron du syndicat majoritaire FNSEA, Arnaud Rousseau, pour une discussion "les yeux dans les yeux".
Elle l'assure, ces échanges se passent bien. D'autant qu'écologistes et paysans se retrouvent sur de nombreux combats, par exemple pour défendre les terres agricoles et les produits locaux dans les cantines, dit-elle.
Et la mobilisation agricole a permis de "mettre en lumière ce qu'on défend depuis des années", ajoute l'écologiste. "Le message qu'on a porté a vraiment interrogé la profession".
"Ils savent qu'on leur dit la vérité", insiste Benoit Biteau, exploitant agricole en Charente. Finalement, "la tactique du gouvernement de nous choisir comme punching-ball pour masquer leur responsabilité, ça a été un beau cadeau pour nous".
Car "l'agriculture, ça fait 50 ans qu'on en parle", rappelle Marine Tondelier, avec le premier candidat écologiste à une présidentielle en 1974, René Dumont, lui-même ingénieur agronome.
"On a des solutions, et pas bricolées dans la nuit" à la suite d'une crise, insiste-t-elle. "Nous sommes droits dans nos bottes sur le terrain".
Benoît Biteau rappelle ainsi que les écologistes ont "tout fait" au Parlement européen "pour empêcher" la Politique agricole commune (PAC) actuelle, qui n'est "pas sociale", "pas équitable, au-delà de ne pas être écologique".
A l'inverse, le RN "n'a pas voté le rejet des écologistes de l'accord de libre-échange Mercosur, ni Les Républicains, ni La République en marche. Ca démasque les impostures de ceux qui se revendiquent les alliés des agriculteurs".
"Assez sereine" pour les élections européennes de juin, même si les sondages créditent sa candidate Marie Toussaint d'environ 8% des intentions de vote, Marine Tondelier résume: "l'écologie est attaquée chaque jour dans ce pays. Les gens, leur coeur va leur dire d'aller défendre l'avenir de leurs enfants".
Source: www.linfodurable.fr